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1914 / Changement de continent

Régiment en route vers le nord

Régiment en route vers le nord

Petit clin d’œil de l’histoire : les premiers coups de canon français échangés avec des allemands, au lendemain de la déclaration de guerre, sont tirés dans le secteur d’Alger le 4 août 1914. Deux bateaux allemands bombardent Phillippeville (aujourd’hui Skikda) et Bône (aujourd’hui Annaba), l’artillerie Française riposte. Alger ne connaitra pas d’autres combats avec l’Allemagne durant la guerre.

L’intervention des deux navires de guerre sur la Méditerranée et surtout la menace qu’ils font peser sur les transports maritimes compliquent l’embarquement des premiers tirailleurs algériens mobilisés. Certains devront patienter à Oran plusieurs heures avant de prendre la mer pour rejoindre Sète (à l’époque orthographiée Cette).

A leur arrivée, l’accueil est chaleureux et enthousiaste. Ces futurs combattants arrivés d’Afrique du Nord et, il est vrai,  peu habitués à tant d’égard, ont dû être surpris. Les français du continent baignent en effet dans une atmosphère survoltée, mélange d’euphorie et d’inquiétude. L’idée qui prédomine est que la guerre va être courte et qu’elle sera gagnée par la France. Mais, au souvenir de 1870, l’inquiétude n’est pas totalement absente des esprits et l’on a peur pour ses proches qui vont combattre. Le renfort des combattants d’Afrique constitue, dans ce contexte, un réel réconfort et rassure, aujourd’hui, les civils comme ils contribueront, demain, au moral des troupes sur le front.

C’est donc sous les vivats qu’ils sont reçus, d’abord par quelques marins venus escorter leurs embarcations, puis par la foule entassée sur les quais. Sous le magnifique soleil de la Provence, drapeau en tête et accompagnés de la musique, ils vont prendre le train dans la belle ville d’Arles avant de rejoindre le front. Deux jours et deux nuits de voyage, avec des célébrations à chaque gare par une France enthousiaste.On offre des fruits et des cadeaux à ces soldats qui suscitent l’étonnement et ont si fière allure dans leurs tenues exotiques. Des bataillons tunisiens du 4ème RTA empruntent une autre voie. Arrivés du Maroc, ils débarquent à Bordeaux.Mais partout les mêmes scènes de joie se répètent, empreintes également de curiosité, une curiosité partagée par les combattants du Maghreb qui découvrent ce pays et des mœurs qu’ils ne connaissent pas réellement.

Le 17 août, c’est au tour des marocains de rejoindre Bordeaux. Le 1er Régiment de Chasseurs Indigènes (marocains) embarque à Rabat et Mehdia (aujourd’hui Kenitra), le 2ème Régiment embarque à Oran pour rejoindre Sète puis Bordeaux. Les deux régiments forment la brigade Ditte du nom de son général, adjoint de Lyautey au Maroc.  Ils campent à Bordeaux plusieurs jours sur la place des Chartrons. Là également, les petites tentes, les djellabas de ces combattants, suscitent l’étonnement et la sympathie des habitants.Une semaine plus tard, ils rejoignent par le train Chalons sur Marne (aujourd’hui Chalons en Champagne). Le front les attend.