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[14 -18] L'Afrique du Nord dans la Grande Guerre
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Verdun, Ville d'Histoire
La bataille de Verdun fut la plus grande bataille du XX° siècle. Dès les premiers jours de combat, elle marqua les esprits des contemporains et, en quelques semaines, le nom de Verdun fit le tour de la planète. La violence des combats et le courage dont firent preuve les assiégés déclenchèrent des vagues d'enthousiasme et de sympathie pour les « combattants du droit contre la force».
Dans bien des cas, avant même la fin de la guerre, nombre de pays ont rendu hommage à la « cité héroïque », la « cité martyre », et l'ont décorée de leur 1er ordre national en témoignage de leur admiration. Elle devint ainsi la ville la plus décorée de France. Elle est restée depuis 1916 le symbole de la Première Guerre Mondiale, cette dimension conférant à la cité et à son champ de bataille une dimension universelle.
La guerre 1914-1918 vit participer au conflit les nations des cinq continents, comprenant toutes les puissances de l'époque. Quel rôle les pays engagés dans ce conflit ont-ils joué? Dans quels contextes se sont-ils engagés ? Pour quels résultats ? Quels liens en ont résulté avec la France et avec Verdun? Et aujourd'hui qu'en reste-il ?
A travers ce site (en devenir), la Ville de Verdun souhaite apporter sa contribution à une meilleure connaissance de cette page d'histoire pour l'Afrique subsaharienne et en particulier l'Afrique de l'ouest.
A terme, les sites histoire de la Ville de Verdun ont vocation à couvrir tous les continents.
Création d'une armée coloniale
Turcos ou tirailleur algérien
« Turcos », c’est sous ce nom que sont désignés le plus souvent les tirailleurs algériens et tunisiens. Un surnom dont ils héritent au lendemain de la bataille de Sébastopol, pendant la guerre de Crimée (1854). Les russes surpris par les charges des tirailleurs algériens se seraient dispersés en criant « turcos », trompés par des uniformes d’inspiration ottomane : chéchia, turban, gilet brodé, pantalons turcs bouffants et, sans doute, s’attendant à être opposés à des turcs, leur principal ennemi dans ce conflit. Pour d’autres, c’est tout simplement cet uniforme, à la mode turque, qui leur a valu ce surnom.
La France éprouve très tôt, dès 1831, le besoin de constituer des unités militaires en Algérie. En 1831, Louis-Phillippe donne son accord pour la création d’une Légion Etrangère. Les spahis algériens, unités de cavaliers, voient le jour la même année ainsi que le corps des zouaves. Le mot zouave vient du berbère zwava du nom d'une tribu kabyle, qui fournissait des soldats aux turcs.Les zouaves englobent au départ métropolitains et autochtones. Mais, les effectifs indigènes étant de plus en plus importants, en 1841, sont créés les régiments de tirailleurs algériens et tunisiens. Les unités de Zouaves ne seront désormais constituées que de français. Les indigènes algériens et tunisiens seront intégrés aux unités de tirailleurs. Tous appartiennent à l’Armée d’Afrique, terme non institutionnel, qui deviendra, à partir de 1873, le XIX° corps de l’Armée Française.
Un bataillon de tirailleurs indigènes est donc créé en 1841 dans chacune des trois provinces d’Algérie : Alger, Constantine et Oran. 1 794 hommes par bataillon.La possibilité d’avancement est ouverte aux indigènes, aux emplois de lieutenant et sous-lieutenant, mais l’encadrement est principalement français. L’ordonnance de Louis-Philippe indique : « Nul officier ne sera admis dans les bataillons, après la première formation, s’il ne possède la connaissance pratique de la langue arabe ».
En 1865, l’empereur Napoléon III précise par senatus-consulte : «ART 1er : L’indigène musulman est français ; néanmoins il continue à être régi par la loi musulmane. Il peut être admis à servir dans les armées de terre et de mer. Il peut être appelé à des fonctions et emplois civils en Algérie. Il peut, sur sa demande, être admis à jouir des droits de citoyen français ; dans ce cas il est régi par les lois civiles et politiques de la France ». Nombre d’algériens s’engageront dans l’armée mais peu choisiront la naturalisation complète qui leur imposait de renoncer à la tradition musulmane dont les règles en matière de succession, de mariage avec la polygamie, étaient bien différentes du code civil français.
Les tirailleurs participent à toutes les campagnes du Second Empire et de la IIIe République: guerres de Crimée (1854-1855), campagne du Sénégal (1860-1861) et de Cochinchine (1858-1862), guerre du Mexique (1862-1867), guerre franco-prussienne (1870-1871) en Lorraine notamment, campagnes de Tunisie (1881-1883), du Tonkin (1883-1886), de Madagascar (1895), opérations en Algérie, au Sahara, campagne du Maroc de 1907 à 1912.
Lors de la guerre de 1870, trois unités de tirailleurs, soit 9000 hommes sont envoyés en France où ils combattent en particulier en Alsace, aux batailles de Wissembourg et Frœschwiller-Wœrth.
En 1884, est constitué le 4ème régiment d’artilleurs algériens…avec des tunisiens. Jusque là, les tunisiens étaient intégrés aux régiments de tirailleurs algériens.
Le Maroc indépendant avait tenté de moderniser son armée à la fin du siècle, conscient de son retard dans ce domaine après deux guerres perdues et avait appel à des cadres européens. Après la mise sous tutelle, sont créés en 1912 les spahis marocains.
La même année, le service militaire est rendu obligatoire pour les algériens.
Le combattant algérien vu par un militaire européen
Dans le livre d’or des tirailleurs indigènes de la province d’Alger, J.O.., ancien capitaine du 1er régiment de Tirailleurs algériens, en dresse un portrait des plus élogieux. Extrait : « …L’Arabe, on le sait, nait, vit et meurt au bivouac ; ses distractions, ses plaisirs sont les chevaux,les armes et la poudre. Doué d’une imagination ardente et poétique, son caractère est chevaleresque : aussi, ses bardes chantent-ils exclusivement, sous le gourbi de la montagne comme sous la tente de la plaine, l’amour et la guerre.
Au point de vue abstrait de l’homme de guerre, nous ne craignons pas d’affirmer que cette annexion de trois millions d’hommes à l’empire intéresse au plus haut degré la puissance militaire de la France : la race arabe est pour notre pays une pépinière de soldats d’une rare infatigabilité, d’une sobriété fabuleuse, d’une discipline absolue, et d’une bravoure incontestable et incontestée ».C’est à peu près les mêmes qualités que celles prêtées à la « force noire » par le Général Mangin en 1910.
Qu’est-ce qu’un tirailleur ?
Voilà ce qu’en dit le Musée des Troupes de Marine de Fréjus « Quant au terme tirailleur, désignant à l’origine un combattant doté d’une certaine liberté de manœuvre qui tire en dehors du rang, il s’applique indifféremment à des soldats servant comme fantassins, cavaliers, artilleurs, ou encore comme conducteurs, infirmiers, ouvriers des bataillons d’étape ». Il existe même depuis 1903 un corps de « tirailleurs de mer » les baharias, à l’effectif réduit de moins de 100 hommes.
Uniforme et spécificités du tirailleur algérien et tunisien
L’uniforme, surtout à l’origine, est reconnaissable entre mille . Il est constitué d’une coiffure originale : la fameuse « chéchia », coiffe sans visière afin de permettre aux musulmans de prier ou le « chèche » un turban de tissu, rayé bleu et blanc, que l’on s’enroule autour de la tête. Il est possible de porter les deux ensemble. Le tirailleur porte également une veste de couleur bleue sans manches avec des parements jaunes (jonquille), un pantalon blanc ou bleu en fonction de la saison, très ample avec de larges plis appelé « séroual », serré au-dessus du genou et une ceinture de laine rouge. Une fausse poche de couleur sur le gilet permettait à l’origine de distinguer les régiments : rouge garance pour le 1er RTA d’Alger, blanc pour le 2° RTA d’Oran et jaune pour le 3° RTA de Constantine et enfin le bleu pour le 4° régiment de Tunisie.
La nouba est une autre caractéristique des régiments de tirailleurs algériens. Elle s’impose peu à peu au cours du XIX° siècle. C’est une formation musicale qui joue de la musique arabe avec des instruments traditionnels.
Cette estampe, visible au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, date du 3ème quart du 19° siècle, elle représente dans l'ordre: le tambour du régiment, un officier arabe, l'officier français porte étendard, le soldat indigène et la cantinière.