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A la veille de la guerre

La crise de Tanger 1905

La crise de Tanger 1905

A la veille de la guerre, le Maroc va se retrouver au centre des préoccupations internationales à plusieurs  reprises. Seul pays du Maghreb à avoir conservé son indépendance, il est de moins en moins en situation de la préserver. En 1904, la France et la Grand Bretagne signent plusieurs accords bilatéraux. C’est « l’Entente Cordiale ». La Grande Bretagne reconnaît « qu’il appartient à la France, notamment comme puissance limitrophe du Maroc sur une vaste étendue, de veiller à la tranquillité de ce pays, et de lui prêter son assistance pour toutes les réformes administratives, économiques, financières et militaires dont il a besoin»et la France reconnaît des droits identiques à la Grande Bretagne pour Égypte.

Ces accords ne font pas l’affaire de l’Allemagne et en 1905, Guillaume II se rend au Maroc, défile dans les rues de Tanger et assure de son soutien le sultan marocain. Cet événement est vécu comme une provocation par les français. L’année suivante,la conférence internationale d’Algésiras mettra un terme provisoire à ce différend devenu pour les historiens «  le coup de Tanger ».  En 1911, nouvelle crise. L’Allemagne envoie une canonnière « Panther » dans la baie d’Agadir. La tension monte à nouveau mais la guerre est finalement évitée. Au terme denouvelles tractations, l’Allemagne récupère, en forme de compensation, des territoires de l’Afrique de l’Ouest.

Finalement en 1912, la France impose son protectorat au Maroc comme elle l’avait imposé en 1884 à la Tunisie. Lyautey est nommé résident général. Il est accompagné de 70 000 hommes dont des tirailleurs algériens.Le sultan perd la direction des affaires étrangères et ne conserve, en réalité, que les apparences du pouvoir. Le traité de protectorat prévoit que « le résident général  sera le seul intermédiaire du Sultan auprès des représentants étrangers ».

A l’Est du Maghreb, l’autre protectorat, la Tunisie, davantage ouverte au monde occidental depuis le début du XIXème, connaît un certain essor économique. Son réseau ferroviaire s’est développé, la culture de l’huile d’olive et de céréales est en expansion.

Mais c’est l’Algérie qui a connu les transformations les plus profondes avec l’afflux massif de populations européennes, principalement française et espagnole pendant tout le XIXème siècle. Ce sont souvent des gens modestes attirés par ce qui est décrit – à tort – comme un nouvel eldorado. A la veille de la guerre, on compte sur le territoire algérienpas moins de 750 000 colons sur environ 5,5 millions d’habitants. La majorité des colonssont nés sur le sol algérien. Sur une carte, le territoire est immense, quatre fois la France, mais les 8/10èmesont couverts par le Sahara, mer de sable, très peu habitée.

D’un point de vue budgétaire, l’Algérie coûte à l’Etat Françaisdavantage qu’elle ne rapporte. Certains condamnent ce gouffre financier. Mais la colonisation n’est pas remise en cause car elle présente un intérêt stratégique eu égard aux routes maritimes que la France contrôle. Elle constitue par ailleursla base principale de l’expansion coloniale dans le Maghreb et en Afrique. Elle est également une réserve d’hommes importante en cas de conflit et enfin une très bonne affaire pour certains investisseurs. La viticulture est en plein boum.

Depuis 1848 la République Française a intégré l’Algérie à la France. Elle est divisée en trois départements, avec préfecture et conseil général, situés sur le littoral : Alger, Oran et Constantine. Les territoires du sud sont sous tutelle militaire.  Elle est dirigée par un gouverneur. En 1912, une étape supplémentaire d’intégration a été franchie avec l’instauration du service militaire obligatoire. Un premier contingent est appelé sous les drapeaux en octobre. L’Allemagne crie au scandale et dénonce la constitution d’une armée algérienne en Afrique du Nord et d’une armée noire en Afrique de l’Ouest pour combattre les soldats allemands, considérée comme une barbarie.

A la veille de la guerre, la physionomie du Maghreb a bien changé, principalement en Algérie. A Alger par exemple, qui compte une centaine de milliers d’habitants, la population européenne est plus importante que la population algérienne. Et pourtant la population musulmane est en pleine expansion. En trente ans, elle a augmenté de 43%. La Kabylie est considérée comme un « inépuisable réservoir d’hommes ».  Une faible partie de la population vient travailler en France. On recense 5000 travailleurs algériens volontaires en 1912, 13000 en 1914. Ils sont dockers ou travaillent en usine et sont très bien notés.

En Tunisie, un mouvement de « jeunes tunisiens » revendique la création d’écoles afin de maitriser la langue française et aussi les subtilités de l’administration.  La Tunisie compte en 1911 davantage d’italiens que de français : 46 000 français pour 88 000 italiens.

Le Maroc, nouveau venu dans le giron colonial, est présenté comme une « Californie française ». Phosphate, cobalt, fer, manganèse, charbon, sont quelques unes des richesses du pays. Mais le pays manque d’équipements : peu de routes carrossables, peu de ponts.

Voilà résumée la situation du Maghreb à la veille de la guerre.

En 1905, Guillaume II se rend au Maroc, défile dans les rues de Tanger et assure de son soutien le sultan marocain. Cet événement est vécu comme une provocation par les français. 

Guillaume II à Tanger(1905)